Choeur CHAM à Versailles

Gloria de Vivaldi et création chorégraphique à Versailles

Gloria Vivaldi Versailles

Gloria

Piazzolla, Ravel, Beethoven, Halvorsen Œuvres de musique de chambre et création chorégraphique
Antonio Vivaldi – Gloria

Mehdi Baki, danse
Chœur des classes à Horaires Aménagés Musique du Collège J-P Rameau de Versailles
Christophe Junivart, direction
Musiciens des Ondes plurielles

 

Ondes plurielles accompagne les choristes des Classes à Horaires Aménagés de Versailles et le Chœur de Chambre de Versailles dans le Gloria de Vivaldi.
En première partie, assistez à une rencontre inédite entre musique et danse, avec Mehdi Baki en danseur-performeur

Billetterie en ligne 

Mardi 17 mai à 20h30

Lieux des concerts

Académie Équestre
Manège de la Grande Ecurie du Château de Versailles
Avenue Rockefeller
78000 Versailles


Programme du concert Viva la Banda !

Programme du concert

Concerto pour violon en ré mineur
Robert SCHUMANN (1810-1856)

1853 : quelle belle année pour Robert Schumann ! Deux magnifiques rencontres enrichissent son univers affectif et musical. En mai, il écoute le jeune violoniste Joseph Joachim, 22 ans, jouer brillamment le concerto de Beethoven. Il décide immédiatement de lui écrire un concerto, ce qu’il fera en très peu de temps, du 21 septembre au 1er octobre. C’est au milieu de cette intense activité créatrice qu’une deuxième rencontre se produit : le 30 septembre, l’encore plus jeune Johannes Brahms, 20 ans, vient lui jouer quelques-unes de ses compositions, et Schumann découvrira en lui son héritier.

Qui peut alors penser, malgré les fragilités du compositeur, qu’en cette fin d’année il écrira ses dernières œuvres avant sa crise de 1854, suivie de son internement dans un asile dont il ne sortira pas avant sa mort deux ans plus tard ? On serait tenté de voir dans ce concerto et les quelques autres compositions qui l’entourent une manière de testament ; ce serait tout à fait illusoire. Schumann n’y arrête pas son évolution musicale dans un geste dramatique annonciateur de sa folie future. Il en poursuit au contraire la logique : plus de sobriété thématique, un développement plus harmonique que mélodique, un refus de l’expression extravertie des sentiments qui avait pourtant fait sa gloire dans sa jeunesse. Un tel processus est toutefois assez contraire au principe du concerto pour violon, censé mettre en valeur le soliste. Joachim, son dédicataire, ne le jouera jamais, le trouvant trop difficile et pas assez brillant, notamment son final. C’est en 1933 seulement qu’il sera créé, sous une forme arrangée.

Les trois mouvements de ce concerto ont la particularité d’être tous sous une indication de tempo lente : « pas le plus rapide » pour le premier, « lent » pour le deuxième, « vivant mais pas rapide » pour le dernier. Schumann veut que le violon prenne son temps pour exposer et réexposer ses thèmes, dans une tessiture plutôt grave. Rien d’ostensible, de m’as-tu-vu : l’œuvre est un secret qui ne dévoile son émotion intime qu’à ceux qui savent la chercher.

O. Moulin

Symphonie n°2
Johannes BRAHMS (1833-1897)

Johannes Brahms s’attelle à l’écriture de sa deuxième symphonie au cours de l’été 1877, lors d’un séjour de villégiature à Pörtschach am Wörthersee, dans les Alpes autrichiennes, près de la frontière slovène. Il a alors 44 ans, et sa première symphonie, péniblement et longuement mûrie durant plus de vingt ans à l’ombre tutélaire et encombrante de Beethoven, vient de connaître un franc succès. Libéré semble-t-il du poids de ce “géant marchant derrière lui”, ainsi qu’il l’écrit à un ami, il aborde l’écriture de cette deuxième symphonie avec beaucoup plus d’aisance. Elle est achevée en quelques mois et créée le 30 décembre 1877 à Vienne, sous la direction de Hans Richter.

Au premier abord, cette deuxième symphonie s’éloigne radicalement des noirceurs et du tragique de la première. Sa tonalité de ré majeur l’attire naturellement vers la lumière tandis que sa structure très classique (un long premier mouvement au caractère affirmé, un deuxième mouvement lent et profondément romantique, un scherzo court et léger, avant un final brillant) et sa cohérence stylistique et thématique l’ancrent solidement dans le grand répertoire symphonique. La douceur paisible des thèmes et leur apparente simplicité – on croit d’ailleurs entendre au violoncelle, dans le premier mouvement, le thème de la célèbre berceuse de Brahms ayant accompagné nos nuits enfantines – ont parfois mené les commentateurs à la comparer à la Symphonie Pastorale de Beethoven. Ce que confirme le scherzo, tout en subtile légèreté, évoquant une chanson populaire.

Cependant, avec Brahms, rien n’est jamais simple, et derrière la sérénité de façade d’un compositeur dans la force de l’âge se cache un tempérament plus sombre. Dans sa correspondance, il décrit cette symphonie avec une ironie parfois acerbe, où affleurent ses doutes et sa profonde mélancolie. Il qualifie ainsi sa nouvelle œuvre de “simple sinfonietta”, la résumant à un unique “accord de fa mineur répété un bon moment, en alternant les graves et les aigus, fortissimo et pianissimo”. À son éditeur, il prédit d’ailleurs qu’elle sera “à coup sûr un véritable flop”, et l’avertit en ces termes : “la nouvelle symphonie est si mélancolique que vous ne la supporterez pas. Je n’ai jamais rien écrit d’aussi triste, d’aussi mineur : vous devrez publier la partition bordée de noir. Je vous aurai assez prévenu. Voulez-vous réellement publier une chose pareille ?” Et, de fait, la noirceur n’est jamais loin : cuivres et timbales font planer une ombre menaçante sur le premier mouvement, et Brahms ne renonce jamais à une dissonance grinçante lorsque le climat semble se faire trop serein.

Toute brahmsienne dans ce clair-obscur si romantique, animée d’une pulsation permanente qui conduit le propos même dans les tempi les plus lents, cette deuxième symphonie s’est rapidement imposée comme une pierre angulaire du répertoire symphonique. Au sein de ce programme, elle propose un pendant plus apaisé aux tourments de Schumann, dont Brahms était d’ailleurs l’ami proche.

F. Layani


Pierre FOUCHENNERET

Pierre Fouchenneret

Artiste insatiable, fort d’une discographie de plus d’une vingtaine de disques, il dédie plusieurs années de sa vie à l’œuvre d’un compositeur, s’entoure des plus beaux chambristes pour, le plus souvent, en graver une intégrale. En 2016, il enregistre chez Aparte l’intégrale des sonates pour violon et piano de Beethoven avec Romain Descharmes. En 2018 paraît le premier volume d’une intégrale de la musique de chambre de Gabriel Fauré avec Simon Zaoui et Raphaël Merlin.
Il se lance également avec le quatuor Strada, E. Lesage, F. Pujuila, A. Boisseau… dans le projet insensé de jouer toute la musique de chambre de Brahms.
L’intégrale parait chez B-Records au cours des saisons 2018 à 2021. Au printemps 2020 paraît son enregistrement des octuors de Schubert et de R. Merlin aux côtés notamment de N. Baldeyrou, D. Guerrier ou encore M. Desmons.

Enfant prodige, Pierre Fouchenneret obtient à 16 ans son premier prix de violon et de musique de chambre au CNSM de Paris dans les classes d’Olivier Charlier et de Daria Hovora, et remporte ensuite le Grand Prix du Concours International de musique de chambre de Bordeaux, le Grand Prix Georges Enesco de la Sacem, et devient lauréat de la fondation Natixis et artiste associé de la Fondation Singer Polignac.
Invité sur les scènes du monde entier, l’« archer hors norme » (Le Figaro) qu’est Pierre Fouchenneret est rapidement amené à jouer avec des musiciens d’exception tels que le Fine Art Quartet, Jean-François Heisser, Jean-Frédéric Neuburger, Zongh Xu, Julien Leroy, Nicolas Angelich… et fonde en 2013 le Quatuor Strada avec Sarah Nemtanu, Lise Berthaud et François Salque.

Artiste complet, Pierre Fouchenneret est reconnu par les orchestres français et internationaux pour son audace et sa vision du répertoire. Il a notamment été invité par l’Orchestre de la Suisse Romande, le Suzhou Symphony Orchestra, l’Orchestre National de Bordeaux, le Philarmonique de Brno, les Philharmoniques de Nice et de Strasbourg, le Baltic de Saint Petersbourg ou l’Orchestre de Chambre Nouvelle-Aquitaine.

François Pinel

François Pinel

Musicien, pianiste et chef d’orchestre, François Pinel multiplie les expériences artistiques au gré des hasards et des rencontres. Il coopère avec l’artiste Lee Mingwee au Centre Pompidou ou avec le compositeur Alexandre Desplat pour des longs métrages de Roman Polanski et Jacques Audiard, joue Berg et Schönberg en Chine, Debussy et Ravel à Alger, Enesco et Beethoven au Mexique ou Mozart et Brahms à Lisbonne, donne des Masterclasses dans les universités brésiliennes et turkmènes, participe aux festivals de Cambridge, d’Aix-en-Provence et de Recife, se produit aux Théâtre des Bouffes du Nord, à la Philharmonie de Paris et collabore avec le Chamber Orchestra of Europe, l’Orchestre de Bretagne ou l’Ensemble Matheus.

Formé notamment par Pierre Froment, éminent disciple d’Alfred Cortot, puis par Alain Planès au CNSM de Paris, il étudie la direction d’orchestre avec le chef allemand Robin Engelen au Conservatoire Royal de Bruxelles.


Jean-Daniel, trompettiste et corniste

Entretien avec Jean-Daniel, trompettiste et corniste

Rencontre avec Jean Daniel

Trompettiste et corniste aux Ondes plurielles

Jean-Daniel, trompettiste et corniste

Quelle est ton histoire musicale ?
J’ai été très tôt confronté à la pratique d’instruments variés, puisqu’avant de faire de la trompette (à 8 ans), j’ai suivi des cours de percussions (à partir de 6 ans). Je ne me souviens pas bien de ce qui m’a poussé à choisir ces deux disciplines… En tout cas, si j’ai arrêté les percussions assez vite, la trompette m’a tout de suite adopté. Ma rencontre avec le cor d’harmonie a été plus tardive, vers 30 ans. Il faut dire que dans ces années-là, la plupart de mes orchestres proposaient sans cesse des symphonies de Brahms ou de Beethoven. Et voir les cornistes s’éclater quand nous, les trompettistes, devions compter les mesures pour planter 3 clous, a généré une certaine jalousie ! Lorsqu’une occasion s’est présentée, hasard complet, je me suis lancé. Il faut dire également que l’exemple de David Guerrier m’a sans doute inspiré dans cette affaire (et la comparaison s’arrête là !)

De quoi joues-tu ?
Si j’ai le choix entre un poste de trompettiste ou de corniste, ma préférence se fera en fonction de l’œuvre, et souvent, du compositeur. Pour des symphonies de Mahler, direction la trompette ! Pour du Brahms ou Schumann, y’a pas photo, ce sera la main droite au chaud (le cor d’harmonie se joue avec la main droite dans le pavillon, ndlr). Enfin, j’adore rejouer un morceau que je connais déjà, avec le second instrument. Cela permet de redécouvrir les œuvres, avec un nouveau point de vue.

Et à l’avenir ?
Oh l’avenir… Parlons déjà du présent. Le piano m’a depuis toujours beaucoup attiré, et dès que j’en croise un, j’aime bien pianoter (très mal…). Si notre appartement actuel n’est pas assez grand pour se permettre d’en héberger un, qui sait, peut-être qu’au prochain déménagement…


Sophie, violoniste, pianiste, altiste, corniste…

Entretien avec Sophie, violoniste, pianiste, altiste, corniste…

Rencontre avec Sophie

Violoniste, altiste, corniste aux Ondes plurielles

Sophie, violoniste, pianiste, altiste, corniste…

Quelle est ton histoire musicale ?
J’ai commencé le violon et le piano vers 5 ou 6 ans, sans avoir vraiment choisi l’un ou l’autre instrument. À l’époque, le piano me semblait ludique et je trouvais le violon horriblement grinçant. Je m’y suis faite depuis ! Puis j’ai débuté l’alto vers 15 ans, contre l’avis de ma prof de violon d’alors, pour son timbre d’une chaleur incroyable. Jouer en orchestre symphonique m’a donné le goût des autres familles d’instruments, notamment les plus sonores, et c’est en rentrant d’un long séjour aux États-Unis que j’ai commencé le cor, vers 30 ans. On me demande souvent quel instrument je préfère : je n’ai pas de réponse ! Je les aime tous différemment, pour ce qu’ils sont. Chaque nouvel instrument m’apporte beaucoup pour les autres, et au final, ce que j’apprends, ce n’est qu’une chose : la musique.

De quoi joues-tu ?
Je pratique surtout les instruments symphoniques, au gré des programmes et des partitions à découvrir. Je réserve un peu de temps pour progresser au cor, car j’aimerais être plus à l’aise dans le répertoire aigu. C’est un vrai plaisir de passer d’un pupitre à l’autre, comme un nouveau démarrage à chaque fois. Redécouvrir une symphonie depuis un autre poste est passionnant car je la vis différemment tout en me sentant confortablement installée dans les thèmes et les tempi. En passant du cor 4 (le plus grave) au cor 1 (le solo), c’est un peu comme si je naviguais de la contrebasse aux violons 1 : à chaque siège, une nouvelle histoire.

Et à l’avenir ?
J’ai quelques instruments à la maison qui ne demandent qu’à sortir de leur boîte. À l’occasion d’un déconfinement, j’ai commencé à prendre des cours de l’un d’entre eux, davantage tourné vers le jazz… Surprise !


Élisabeth, contrebassiste et flûtiste

Entretien avec Élisabeth, contrebassiste et flûtiste

Rencontre avec Elisabeth

Contrebassiste et flûtiste aux Ondes plurielles

Élisabeth, contrebassiste et flûtiste

Quelle est ton histoire musicale ? 
J’ai commencé la flûte traversière à 7 ans, un peu par hasard. À 15 ans, j’ai souhaité m’inscrire en classe de violoncelle, instrument dont j’adore le timbre, mais mon conservatoire m’a refusé l’entrée, m’indiquant que j’avais dépassé la limite d’âge, alors que ça ne posait aucun problème pour la contrebasse ! J’ai accepté avec plaisir, parce que j’étais très curieuse de m’initier au jazz.

De quoi joues-tu ?
Les élèves sont bien moins nombreux en contrebasse qu’en flûte, alors que les orchestres ont besoin de beaucoup plus de contrebassistes que de flûtistes. Cette simple loi de l’offre et de la demande me permet de trouver facilement une place dans divers orchestres amateurs en contrebasse. Ce n’est que très récemment, grâce aux Ondes, que j’ai pu avoir ma première expérience d’orchestre en flûte !
Les deux instruments sont très différents, qu’il s’agisse de timbre, de tessiture ou de facilité de transport ! Ils présentent des plaisirs et des difficultés variés. Les flûtistes sont très exposés, majoritairement solistes, avec un son très identifiable ; au contraire, les contrebasses sont dans la masse des sons graves, à l’unisson, il faut donc tout faire pour se fondre dans ce son de pupitre.

Et à l’avenir ? 
Je me suis remise il y a 3 mois au jazz en contrebasse, et j’ai emprunté pour quelques semaines un piccolo à une collègue de l’orchestre, mais je ne suis pas encore sûre que ça me plaise – ni que ça plaise à mes voisins ! Je caresse aussi l’idée de me mettre au violon : j’ai fait réparer celui de mon père, ça peut être une jolie façon de croiser les deux instruments, en retrouvant l’archet avec la tessiture de la flûte !


Entretien croisé avec Sophia et Calum

Rencontre avec Sophia et Calum

Percussionnistes aux Ondes plurielles

Les Ondes plurielles ont la chance d’accueillir de jeunes musiciens en voie de professionnalisation, comme Calum Saunière et Sophia Martin, qui seront au pupitre des percussions dans la Danse macabre de Saint-Saëns, après déjà plusieurs sessions avec les Ondes (Musique pour cordes, percussions et célesta de Bartok, la Valse de Ravel, Tangos d’Olivier Rabet, Les Planètes de Holst, etc…)

Où en êtes-vous dans vos parcours de musiciens ?

Calum : Je suis en première année de licence au Pôle supérieur d’enseignement artistique de Paris-Boulogne (PSPBB), dans la classe de Christophe Bredeloup, après être passé par le conservatoire du 10e arrondissement de Paris, et la classe d’orchestre du 12e.

Sophia : Je prépare les concours d’entrée aux Conservatoires nationaux supérieurs de musique (CNSM), je tente Lyon cette année en suivant les cours de plusieurs professeurs, à Montrouge, dans le 10e arrondissement, mais aussi au CRR de Paris dans la classe de Marimba d’Éric Sammut. Je suis arrivée ici il y a trois ans, après avoir eu mon DEM à Lyon. J’avais envie de me confronter à de nouveaux défis !

Pourquoi les Ondes ?

Calum : J’aimerais jouer en orchestre symphonique plus tard, alors c’est enrichissant d’être aux Ondes pour découvrir du répertoire. Et puis, on se retrouve entre copains !

Sophia : C’est une chance de pouvoir jouer des programmes ambitieux alors que nous ne sommes pas encore pros. Sans compter que les Ondes invitent de supers chefs dont on a entendu parler !

Comment vous préparez-vous aux sessions ?

Sophia : On désigne un chef de pupitre et on décide des répartitions (triangle/cymbale, grosse caisse/tam). On travaille individuellement, on écoute les enregistrements disponibles, puis on se retrouve en partiel. On teste des choses, on se donne des avis… plutôt cash, car on est potes !

Calum : Et après on ajuste en fonction de ce que veut le chef !C’est un orchestre composé de musiciens que je connais et apprécie de longue date, dont je sais l’engagement et le plaisir de relever des défis artistiques.

Quels sont vos instruments et répertoires de prédilection ?

Calum : Surtout la caisse claire ! Et aussi les timbales. Quant au répertoire symphonique, je dirais Ravel et Mahler… Mais j’adore aussi le répertoire de brass band, et je joue avec le Paris Brassband !

Sophia : J’aime beaucoup les claviers (marimba, vibraphone), dans du Couperin, des arrangements de Bach, du Satie, de la musique contemporaine…Et la grosse caisse à l’orchestre ! Pour l’instant je ne veux pas m’enfermer dans un style, j’aime des choses très différentes, les effets sonores, les jeux de spatialisation, la mise en scène, et j’espère continuer à multiplier les projets, de l’orchestre symphonique aux musiques actuelles en passant par des spectacles pour enfants avec comédiens, ou des duos de percus.


Programme du concert 88 touches de poésie

Programme du concert 88 touches de poésie

Augusta Holmès (1848-1903), La nuit et l’amour, extrait de Ludus pro patria (1888)

Figure à la fois moderne et romantique de la fin du 19ème siècle français, Augusta Holmès est aujourd’hui bien oubliée. Pourtant, à une époque où les femmes ne pouvaient pas entrer en classe de composition au conservatoire, elle s’affirma de manière éminente, élargissant les possibilités d’expression auxquelles on les restreignait jusqu’aux très grandes formes (l’État lui confia même une Ode pour le centenaire de la prise de la Bastille qui fut jouée par 1 200 interprètes !). Figure des cercles musicaux et littéraires de l’époque, elle vivait de manière libre, sans mariage, sa quintuple maternité.

La nuit et l’amour est un intermède sensuel à l’intérieur d’une grande symphonie-oratorio écrite dans l’ambiance belliciste de reconquête française après la défaite contre l’Allemagne en 1871 (Ludus pro patria peut se traduire par « jeu patriotique »). En partie inspirée par le Wagner du prélude de Lohengrin, Holmès met en valeur un thème extrêmement lyrique, en variant son intensité, en le faisant passer d’un groupe d’instruments à l’autre et, après une apothéose d’une grande puissance, en lui faisant retrouver une quiétude un temps disparue.

Franz Liszt (1811-1886), Concerto pour piano n°2 en la majeur (1857)

L’image du Liszt virtuose du piano, doté de doigts gigantesques dont la vitesse faisait tourner la tête de son public, a été tellement forte qu’on peut avoir tendance à réduire ce musicien à cet aspect purement spectaculaire. Bien sûr, ses œuvres n’hésitent pas à mettre en valeur toutes les possibilités de son instrument, et ce deuxième concerto pas moins qu’une autre : vous entendrez des glissandos sur toute l’étendue du clavier, des octaves enchaînées à un rythme surnaturel, et une densité de notes par seconde assez dantesque. Toutefois, et à la différence peut-être du premier concerto, pourtant plus célèbre, Liszt nous donne à entendre ici toute la variété de son génie. La composition est aventureuse : un thème, énoncé dès l’introduction par les bois, est infiniment repris dans des dimensions toujours différentes ; les six mouvements s’enchaînent de manière continue ; l’orchestration est riche et parfois surprenante, laissant la part belle aux différents instruments, le piano devenant parfois accompagnateur de tel ou tel soliste (on pense notamment au délicat et sobre – osons appliquer ces mots à Liszt ! – mouvement lent). Les émotions provoquées en deviennent bien plus profondes et différenciées et enrichissent la réelle admiration que nous ne pouvons nous empêcher de ressentir devant la dextérité du soliste qui nous offre un tel feu d’artifice.

Camille Saint-Saëns (1835-1921), Danse macabre (1875)

L’une des œuvres les plus célèbres de Saint-Saëns est une mise en musique évocatrice et ludique d’une nuit de sabbat, où un violon désaccordé s’amuse à exciter les esprits malins, et où les sons les plus variés arrivent de l’orchestre (on pense notamment à l’usage du xylophone, que le compositeur reprendra dans son fameux Carnaval des animaux). Rien de mieux pour ressentir l’ambiance de cette danse que de lire des extraits du poème de Jean Lahor qui inspira Saint-Saëns :

« Zig et zig et zig, la mort en cadence
Frappant une tombe avec son talon,
La mort à minuit joue un air de danse,
Zig et zig et zag, sur son violon. […]
Zig et zig et zig, chacun se trémousse,
On entend claquer les os des danseurs, […]
Mais psit ! tout à coup on quitte la ronde,
On se pousse, on fuit, le coq a chanté. »

Camille Saint-Saëns (1835-1921), Concerto pour piano n°2 en sol mineur (1868)

Rapidement composé (en 17 jours !) pour la venue à Paris du grand pianiste, chef d’orchestre et compositeur russe Anton Rubinstein, ce concerto est devenu le plus célèbre de son auteur. Liszt lui-même, présent lors de la création (Saint-Saëns jouait la partie de soliste), félicita le compositeur.
L’œuvre propose une structure originale : contrairement à la presque totalité des concertos, de toutes les époques, il ne comprend pas de véritable mouvement lent. Il ne faut pas s’attendre à des épanchements incontrôlés (même le lyrisme du premier mouvement reste tout à fait noble), mais à des jeux rythmiques, des passages dansants, et surtout, bien sûr, une présence imposante de l’instrument soliste, dont l’étendue sonore et la virtuosité sont admirablement mises en valeur (ne serait-ce que dans la magnifique cadence introductive).

 

Olivier Moulin


Antoine de Grolée

Diplômé du Conservatoire supérieur de Lyon et de l’Académie pianistique d’Imola, le pianiste Antoine de Grolée a remporté le 5ème Prix du Concours International Long-Thibaud en 2007, à 23 ans et et finaliste du concours Chopin sur instruments historiques en 2018. Il a reçu les conseils de grands musiciens et pédagogues tels que Zoltan Kocsis, Hortense Cartier-Bresson, Anne Queffélec, le quatuor Ysaÿe… Il est également lauréat de la Fondation d’entreprise Banque Populaire, de la Fondation Charles Oulmont et du prix international ProMusicis.

Autant attiré par le répertoire solo que la musique de chambre, le concerto et l’accompagnement de chanteurs, il est invité depuis plusieurs années dans de nombreux festivals : Festival des Arcs, Festival de Menton, Chopin à Bagatelle, Prima la Musica à Vincennes… Il s’est produit dans des salles parisiennes (Salle Cortot, Hôtel de Soubise…), lyonnaises (Salle Rameau, Salle Molière, Amphithéâtre de l’Opéra…), à l’Auditorium St-Pierre-des Cuisines à Toulouse… Il a également joué à Bruxelles (Palais des Beaux-Arts), en Espagne (Festival du Prince des Asturies), en Moldavie (Nuits pianistiques de Chisinau), en Italie, Autriche, Angleterre, Argentine…

Stéphanie Marie Degand

Stephanie-Marie Degand est aujourd’hui l’une des rares interprètes capable de maîtriser les techniques et les codes d’un répertoire allant du XVIIe siècle à la création contemporaine. Formée à Caen par le pédagogue et chef d’orchestre Jean-Walter Audoli, mais également par Emmanuelle Haïm, elle rentre à l’unanimité au Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris dans la classe de Jacques Ghestem. Elle y affirme d’emblée une démarche pionnière de non-cloisonnement des répertoires en intégrant également le département de musique ancienne.Elle bénéficie ainsi de l’enseignement de maîtres tels que Jacques Rouvier, Alain Meunier, Pierre-Laurent Aimard, mais aussi William Christie, Christophe Rousset, Patrick Bismuth et Christophe Coin. Elle obtiendra 4 premiers prix et suivra le perfectionnement de violon, avant d’entamer une carrière atypique.

Soliste confirmée, chambriste passionnée, violon solo engagé, la direction, et surtout la transmission : rien n’échappera à cette artiste à « l’esprit droit et l’imagination ardente » (P. Baillot, méthode officielle de violon de 1803). Avec le Concert d’Astrée, qu’elle a co-fondé avec Emmanuelle Haïm, et dont elle sera le violon solo puis l’assistante musicale, elle enregistre un répertoire allant de Monteverdi à Mozart. Avec sa partenaire Violaine Cochard, un disque Mozart-Duphly très remarqué par la critique. Elle grave aussi bien les concertos du Chevalier de Saint George que celui de Tchaïkovski, en passant par Haydn, Schumann, Dubois…Parallèlement à son activité de concertiste, elle se consacre progressivement à la direction. Du violon elle dirige notamment l’Orchestre Philharmonique de Liège, Les Violons du Roy, l’Orchestre d’Auvergne…mais à la baguette, elle sera également chef-assistante sur Don Giovanni de Mozart au Théâtre des Champs-Elysées fin 2016. Titulaire du CA, elle est professeur de violon au Conservatoire National Supérieure de Musique et de Danse de Paris, mais enseigne également dans le département de musique ancienne l’approche du répertoire sur instruments historiques.


VociHarmonie Didon et Enee

Suor Angelica (Puccini) avec VociHarmonie

Suor Angelica VociHarmonie Honfleur

Suor Angelica

VociHarmonie

Giacomo PUCCINI – Suor Angelica
Francis POULENC – Litanies à la Vierge noire

Ensemble Vocal VociHarmonie

 

Catherine Manandaza, Suor Angelica
Maria Cristinia Villasmil, La Zia Principessa
Solistes de l’Ensemble vocal

Daniel Gàlvez-Vallejo, direction

Dimanche 17 avril 2022

20h30

Réservation en ligne

Église Sainte Catherine de Honfleur

Tarif unique 15€


Simon Proust

Entretien avec Simon Proust

Rencontre avec Simon

Simon PROUST, chef d'orchestre

Les Ondes plurielles ont eu la chance de jouer La Jeune Fille et la Mort de Schubert, ainsi que Les Planètes de Holst, sous sa direction.

Simon Proust

Que représentent les Planètes pour toi ?

C’est une découverte. J’en connaissais des extraits, que je n’aimais guère, j’avais des a priori… Puis j’ai ouvert la partition : c’est une merveille d’orchestration et de couleurs, une leçon d’instrumentation, du début à la fin !
C’est écrit pour un orchestre gigantesque, mais à part certains passages de Jupiter ou de Mars (très connus, même si ce ne sont peut-être pas les plus intéressants) où la masse explose, c’est de la dentelle. Chaque instrument est utilisé comme soliste, les cordes sont divisées, une vraie finesse se dégage du conducteur.
C’est une œuvre de divertissement, d’amusement, émaillée de nombreux symboles à rechercher, comme dans un jeu de piste.

L’auditeur peut parfois se croire dans un film…

De nombreux compositeurs (John Williams, Hans Zimmer…) ont puisé leur inspiration chez Holst. Mais l’erreur serait de vouloir faire de la musique de film avec cette partition. Il faut faire un effort pour s’extraire des références qu’on a tous, et retrouver une forme de simplicité et de fidélité au texte.
À l’époque, aucun univers n’était montré au cinéma. Comme Leonard Bernstein l’explique, Hoslt n’avait pas une approche scientifique des planètes. Il avait une vision astrologique, et non astronomique. Cela explique pourquoi il n’y en a que sept, dans un ordre distinct de l’ordre consacré, et qu’il manque la terre (centre de tout en astrologie, donc non représentée). Cela explique aussi pourquoi il y a tant de symboles. C’est un défi que de comprendre pourquoi Mercure est un scherzo insaisissable, pourquoi Saturne est un mouvement lent, pourquoi Uranus évoque l’apprenti sorcier…

Quelle est ta planète préférée ?

Toutes ont une spécificité. Je m’amuse comme un fou avec Uranus, j’aime beaucoup Mercure. La plus compliquée me semble Saturne, qui tourne sans fin.

Quels sont tes projets, tes rêves ?

Je vais bientôt retrouver avec grand plaisir la musique russe (Rachmaninov, Tchaïkovski), par laquelle j’ai commencé ma carrière de chef. Et je rêve de diriger la Cinquième symphonie de Mendelssohn (encore des symboles ! ) et la Septième de Sibélius, et de monter Mass de Leonard Bernstein !


Dominique Breme Orangerie de Sceaux

Entretien avec Dominique Brême

Rencontre avec Dominique Brême

Directeur du musée du Domaine départemental de Sceaux

Dominique Breme

Pourquoi choisir les Planètes et en quoi cette œuvre résonne-t-telle avec le Domaine de Sceaux?

Le musée du Domaine départemental de Sceaux met en place une offre d’un nouveau genre : Les Grandes Heures de Sceaux.

Il s’agit de quatre week-ends annuels – du vendredi soir au dimanche après-midi – organisés autour de l’une des quatre grandes familles ayant possédé le domaine, du XVIIe au XIXe siècle (Colbert et son fils Colbert de Seignelay, le duc et la duchesse du Maine, le duc de Penthièvre, le duc et la duchesse de Trévise), et d’une thématique en relation avec leurs goûts, leurs activités ou les mœurs de l’époque. Toutes les formes d’expression artistique et de pratique culturelle – musique, théâtre, cinéma, expositions, ateliers… – composeront le programme de ces Grandes Heures.

Le premier rendez-vous est consacré à l’une des plus extravagantes princesses françaises, la duchesse du Maine qui, parmi ses nombreuses passions (dont le poulet rôti), cultivait celle de l’astronomie. Son conseiller en sciences, fêtes et cérémonies (car tout cela se mêlait en d’interminables nuits de réjouissances) était Nicolas de Malézieu, membre de l’Académie Française, auteur, mathématicien, géomètre et astronome estimé. Le musée conserve un fort beau tableau de François de Troy – La Leçon d’astronomie de la duchesse du Maine (vers 1702) – montrant l’érudit enseignant à Ludovise (on l’avait ainsi joliment surnommée) le mouvement des sphères célestes.

Dans le cadre de ces Grandes Heures, nous avons souhaité donner un beau concert d’ouverture et, dès que l’on pense astronomie et musique, vient à l’esprit la suite fameuse de poèmes symphoniques de Gustav Holst intitulée Les Planètes, créée en 1918. Nous ne pouvions croire que cette œuvre ambitieuse eût quelque chance d’être donnée dans l’Orangerie de Sceaux, mais cela était sans compter sur l’enthousiasme naturel de l’ensemble Ondes plurielles qui, justement, aime à relever ce genre de défi…

Quel lien avez vous avec Ondes plurielles et pourquoi choisir un orchestre amateur pour un projet comme celui ci?

L’ensemble Ondes plurielles s’est déjà produit à Sceaux. Nous l’avons sollicité une première fois, un peu par curiosité, et avons été immédiatement séduits, au-delà de la grande qualité musicale de l’intervention, par l’enthousiasme, l’adaptabilité (pour ne pas dire la plasticité) et surtout le goût du « pas de côté » qui animent le groupe. En deux mots, l’amateurisme éclairé que vous représentez a ceci de rafraîchissant qu’il est audacieux dans ses projets et d’un allant sincère, immédiatement communicatif, des qualités qui parfois se sont un peu émoussées au sein d’ensembles plus institutionnels.

En outre, l’amateurisme – au sens noble du mot – est bien ce qui caractérisait les folles soirées de Ludovise qui, elle-même, n’hésitait pas à monter sur les planches de son petit théâtre, entourée de courtisans non moins entreprenants, pour se livrer à l’empire des arts : reconnue pour sa maîtrise de la viole de gambe et de la flûte, la duchesse du Maine n’était pas davantage effrayée par le rôle de Célimène qu’elle porta avec la plus grande conviction. Fontenelle et Voltaire furent souvent de la partie… La musique mêlée d’astronomie, servie par des amateurs seulement préoccupés par l’intensité et la qualité de l’instant, s’inscrit dans une tradition dont résonne infiniment toutes les pierres de Sceaux. Vous êtes ici chez vous.