Programme du concert Légendes romantiques

Wagner, Siegfried-Idyll en mi Majeur

Le matin du 25 décembre 1870, treize musiciens s’installent en secret dans le grand escalier de la villa de Richard Wagner, à Tribschen en Suisse. A l’arrivée de la maîtresse de maison, Cosima, ils se mettent à jouer cette ode à la félicité conjugale, dirigés par le mari aimant qui offre ainsi à sa femme, épousée la même année, un magnifique cadeau d’anniversaire (Cosima est née le 24 décembre 1837). Pour conserver la beauté de ce tableau nous laisserons de côté le fait que Cosima, fille de Liszt, était quelques mois auparavant la femme de Hans Von Bülow, grand chef d’orchestre et protecteur de Wagner, et qu’elle avait pourtant déjà donné à son amant trois enfants, dont le petit Siegfried, né en 1869.

C’est en hommage à cette paternité que le morceau, remanié par la suite pour un plus grand effectif, reprend certains thèmes de l’opéra Siegfried, troisième journée du grand œuvre de Wagner, la tétralogie de L’Anneau du Nibelung. Plutôt que d’insister sur l’exaltation héroïque, le compositeur crée une atmosphère intime, choisissant comme thème principal la mélodie chantée par la Walkyrie pour adoucir les élans passionnés du héros, dans le dernier acte de l’opéra. Certes le cor de Siegfried se fait parfois entendre dans l’Idylle, mais c’est la tendresse amoureuse que Richard voue à Cosima qui donne son caractère à cette unique œuvre symphonique du maître de Bayreuth.

Schumann, quatrième symphonie en ré mineur, opus 120

Cette quatrième symphonie est en réalité la deuxième composée par Schumann, en 1841. Son originalité a toutefois entraîné une réception publique difficile ; le compositeur la remania donc profondément dix ans plus tard, la reportant en quatrième position. On sait la maladie de Schumann, sa folie finale et son suicide en 1856, mais cela nous dit peu de choses sur ses tourments de compositeur, et notamment la contradiction permanente entre son idéal beethovénien de maîtrise de la forme, et ses intuitions d’instants musicaux parfois éclatés. La solution trouvée dans cette symphonie est d’une grande force : derrière les ruptures apparentes (les variations fréquentes de tempo, les différences parfois abruptes de caractère…) se cache une profonde unité. Elle est produite déjà par l’absence de pause entre les mouvements, et surtout par l’omniprésence d’un thème : exposé dès l’introduction lente du début de l’œuvre, il est repris dans chacun des mouvements suivants. L’organisation cyclique ainsi établie donne une allure très moderne à cette « fantaisie symphonique », selon sa première appellation.

L’origine de ce thème principal est remarquable : ses premières notes (fa-mi-ré-do#-ré) sont construites à partir du prénom de la femme de Schumann, épousée en 1840, un an avant la composition de la symphonie. Ce motif, symbole de l’amour, triomphe ainsi des tensions musicales, de même que la force du lien entre Clara et Robert a vaincu ce qui, tel le père de la jeune femme, voulait les séparer.


Violoncelliste diplômé du CRR de Versailles (Médailles d’or de violoncelle, formation musicale et écriture) et de l’Ecole Normale de Musique de Paris (Diplôme Supérieur de Concertiste), Johannes Le Pennec mène pendant plus de quinze ans une carrière de chambriste (DuoCelli, trio, quintette…) et de musicien d’orchestre (Orchestre National des Pays de la Loire, Orchestre Colonne…), régulièrement comme violoncelle solo, donnant de nombreux concerts tant en France qu’à l’étranger.

Il choisit ensuite de réaliser la vocation pour laquelle il ressent un appel depuis de nombreuses années : la direction d’orchestre. Son parcours l’a amené à diriger des formations telles que l’Orchestre Symphonique de
Bretagne, L’Orchestre National de Metz, l’Orchestre d’Harmonie de Levallois, à collaborer avec les Chœurs de Radio-France et il fera ses débuts en 2019 avec les Clés d’Euphonia, les Ondes plurielles et l’Orchestre Régional de Normandie. Par ailleurs, il a été nommé chef associé de l’Orchestre Symphonique Maurice Ravel et est directeur musical de l’Orchestre Symphonique du Réseau des Conservatoires, à la tête duquel il dirige un large répertoire et accompagne des solistes tels que Marc Coppey, Hervé Joulain ou Jonathan Fournel.

Titulaire du Diplôme d’Etat et du Certificat d’Aptitude de professeur de violoncelle, Johannes Le Pennec enseigne au CRI de Palaiseau et est régulièrement appelé comme jury par des conservatoires tels que le CRR de Paris.