Programme du concert Danses !

Suite de danses, Béla Bartók (1881-1945)

Œuvre composée en 1923

Le contexte de création de ce morceau est particulièrement patriotique : pour célébrer les 50 ans de la création de la ville de Budapest (par la fusion des anciennes villes de Buda, Pest et Obuda), les trois plus grands compositeurs hongrois vivants (Dohnanyi, Kodaly et donc Bartók) reçurent une commande.

A la différence de Kodaly et de son Psalmus Hungaricus, Bartok opta pour une forme moins pesante (la danse) et plus ouverte (des sonorités roumaines ou arabes se joignant aux traditions musicales proprement hongroises).

Les cinq danses se distinguent fortement par leur tempo et leur caractère, mais sont reliées par une ritournelle légère et facilement mémorisable, qui revient trois fois dans l’œuvre.

De même que le Beau Danube bleu pour Vienne et Strauss, cette Suite de danses arrive à sonner comme une musique typiquement hongroise tout en manifestant l’art singulier de Bartók, celui-ci créant un folklore sonore qui n’appartient qu’à lui.

Le Beau Danube bleu, Johann Strauss II (1825-1899)

Valse composée en 1866

Vienne, ses valses, ses robes à crinoline tournoyant au son des notes de la grande famille des Strauss… il est difficile de ne pas avoir ce genre d’images au charme suranné lorsqu’on entend parler de Johann Strauss fils. Mais il ne faut pas s’y arrêter, car le compositeur le plus célébré du romantisme viennois est loin d’être un conservateur timide : il s’impose contre la volonté de son père, va jusqu’à devenir son principal concurrent… et est par ailleurs arrêté pour avoir joué La Marseillaise lors de la révolution de 1848 qui renversa le vieux gouvernement de Metternich !

Est-ce aller trop loin que d’entendre des traces de ces révoltes dans la manière dont il joue avec les contraintes formelles de la valse, et arrive à toujours la renouveler sans jamais vraiment la changer ? Écoutez l’introduction de ce beau Danube, ses sonorités de cors, la manière dont la danse se fait attendre afin de rendre l’arrivée de son mouvement encore plus vivante…

Ravel ne s’y est pas trompé en lui rendant hommage dans sa propre Valse, pas plus que Kubrick en le choisissant pour accompagner son ballet de vaisseaux spatiaux : Le Beau Danube Bleu montre comment la liberté créatrice transcende ce qui pourrait apparaître comme un divertissement superficiel voire rétrograde.

La Valse, Maurice Ravel (1875-1937)

« Des nuées tourbillonnantes laissent entrevoir, par éclaircies, des couples de valseurs. Elles se dissipent peu à peu : on distingue une immense salle peuplée d’une foule tournoyante. La scène s’éclaire progressivement. La lumière des lustres éclate.
Une Cour impériale, vers 1855. »

Note de Maurice Ravel à son éditeur © 1920 Editions DURAND – Paris, France

En accord avec Serge Diaghilev (chorégraphe et mécène), Ravel envisageait dès 1906 de composer pour le ballet une Apothéose de la valse en hommage à Johann Strauss, lorsque la Première Guerre mondiale l’obligea à remettre ses projets.

L’œuvre verra le jour en 1920 d’abord présentée dans une transcription pour deux pianos à Diaghilev. N’y trouvant plus la genèse initiale, ce dernier refusera d’impliquer les ballets russes.

Si l’épreuve de la guerre a résolument donné à l’œuvre des sonorités fatales, l’esprit général reste à la danse. Ravel, doué comme aucun pour explorer le timbre de façon presque « chirurgicale », prend plaisir à décortiquer toutes les possibilités techniques des protagonistes… Du clavier, il passe à une orchestration ample, généreuse et s’amuse de ses explorations sonores. Ainsi, dans un roulement de baguettes, bassons et contrebasses auront l’honneur de planter le décor de l’œuvre, tirant l’auditeur vers un songe lointain et profond. Rapidement le squelette de la valse s’anime sur fond de mélodies de timbre : clarinette basse, trompettes en sourdines, accords égrainés de harpe. D’abord timide, la rencontre se fait amoureuse, glissée puis franchement dansée.

Découpée en plusieurs moments qui font alterner euphorie et tourment – rappel du motif boiteux des bassons qui revient en idée fixe, la valse se transforme un véritable feu d’artifices synesthésique. Fermez les yeux ! laissez-vous prendre dans le tourbillon des couleurs sonores avant que ne sonne l’impitoyable glas final.

Aurélie Vinatier

Aurélien Azan Zielinski est depuis 2015 chef d’orchestre associé à l’Orchestre Symphonique de Bretagne.

Lauréat, à 34 ans, du concours « Talents Chefs d’Orchestre 2012 » de l’Adami, il se voit depuis invité pour diriger des orchestres prestigieux comme l’Orchestre National de France, l’Orchestre de Chambre de Lausanne, l’Orchestre National de Lorraine, l’Orchestre Symphonique de Bretagne, l’Orchestre Symphonique et Lyrique de Nancy, l’Orchestre de Cannes Provence-Alpes-Côte d’Azur…

Si 2013 s’avère une année charnière dans la carrière d’Aurélien Azan Zielinski, son talent n’a pas attendu cette période pour être reconnu. En 2012, il remplace Joseph Swensen au pied levé à l’Orchestre de Chambre de Paris. En 2007, Yutaka Sado l’invite à diriger l’Orchestre Lamoureux alors qu’il n’a pas 30 ans.

Il a assisté John Nelson à l’Orchestre de Chambre de Paris, Emmanuel Krivine à l’Opéra de Lyon et Jacques Mercier à l’Opéra de Metz. Il s’est produit dans les salles de renom que sont le Théâtre des Champs-Elysées, la salle Pleyel, la Cité de la Musique, le Casino de Paris, l’Arsenal de Metz, l’Opéra de Vichy, l’Auditorium Reine Sofia à Madrid, le KKL de Lucerne, la salle Métropole de Lausanne, l’Opéra de Bombay…, dans un répertoire vaste et éclectique qui fait aussi la part belle à la création de pièces de compositeurs actuels (Gilbert Amy, Jérôme Combier, Julien Dassié, Olivier Calmel, Aram Hovannyssian, Liza Lim, Hector Parra).

Aimant nouer des liens forts avec les grands solistes, il a dirigé en concert Nicholas Angelich, Nicolas Dautricourt, Brigitte Engerer, Miguel-Angel Estrella, Philippe Jaroussky, Philippe Muller, Sarah Nemtanu, Xavier Phillips, Gérard Poulet.

Reconnu pour ses qualités de pédagogue, Aurélien Azan Zielinski a été nommé en 2009 Professeur de direction d’orchestre à la Haute Ecole de Musique de Lausanne. Il a été entre 2008 et 2014, Directeur musical de la Philharmonie du COGE (Chœurs et Orchestres des Grandes Ecoles) et, pendant plus de dix ans, Chef associé et Directeur musical des Orchestres de Jeunes Alfred Lœwenguth.

Aurélien Azan Zielinski s’est consacré, très jeune et avec succès, à la musique dans de multiples domaines (piano, violon, harmonie, analyse, orchestration et direction d’orchestre) avant d’obtenir à 23 ans son Prix de Direction d’Orchestre du CNSMD de Paris. Il a étudié le Grand Répertoire auprès de Janos Fürst, Jorma Panula, Ernst Schelle et s’est perfectionné pour le Répertoire Contemporain auprès de Zolt Nagy, David Robertson et Pascal Rophé. Il a été lauréat de l’audition de « jeune chef » à l’Orchestre Lamoureux en 2007 et finaliste au concours de « chef assistant » à l’Orchestre National de Montpellier en 2010.