Entretien croisé entre Raphaël Schwab et Julien Soro

Quelle est l’origine du projet ?

Julien Soro (J.S.) : Une histoire de rencontre ! L’un des fondateurs des Ondes plurielles, le violoncelliste Olivier Moulin, et moi, étions ensemble au lycée Racine à Paris en classes à horaires aménagés. Nous sommes encore amis et même voisins, il suit mes concerts de jazz et de musique contemporaine et a eu l’idée de proposer à l’orchestre un projet croisé entre jazz et symphonique. J’ai tout de suite pensé à Raphaël Schwab avec qui je travaille en duo depuis 2011 ainsi qu’à Rafaël Koerner avec qui on a joué dans le groupe Ping Machine et à l’Orchestre national de jazz.

Comment as-tu appréhendé la composition de ces œuvres de « jazz symphonique » ?

Raphaël Schwab (R.S.) : C’est sûrement le programme le plus long et le plus personnel que j’ai composé pour orchestre. On pourra reconnaître des œuvres qu’on joue depuis 15 ans en duo et qui sont sur notre premier disque, composées il y a 25 ans…

Pour autant, du duo à l’orchestre, cela n’a rien à voir. J’ai pensé ce projet comme des compositions nouvelles, pas du tout comme des arrangements. En duo, le thème est un prétexte à l’improvisation. Pour une grande formation, il faut davantage réfléchir à l’architecture.

J.S. : Du duo au sympho, je retrouve des similarités dans mes parties de soliste, et pourtant, j’ai l’impression d’avoir une plus grande liberté en orchestre. Peut-être parce qu’en duo, on est chacun responsable d’équilibres plus fragiles !

Faire improviser et groover des musiciens classiques, un défi ?

R.S. : Plus l’orchestre est grand, plus les parties doivent être écrites. Mais j’ai tout de même prévu quelques cellules mélodiques ou rythmiques d’improvisation ! Cela reste un sacré défi de faire groover des musiciens classiques, en raison des cultures différentes, mais aussi de l’effet de masse et des distances entre les instrumentistes et le chef. Je me suis amusé à essayer des parties très big bang et syncopées, même dans les cordes. C’est peut-être impossible à mettre en place, mais ce sera rigolo !