Rencontre avec Marc Coppey

Violoncelliste et chef d'orchestre

Marc COPPEY

Le violoncelliste de renommée internationale Marc Coppey entretient une relation profonde à Brahms depuis la naissance de sa vocation musicale. Cette intimité sera redoublée lors des concerts de janvier avec les Ondes plurielles, puisqu’il interprétera le double concerto avec son fils violoniste Emmanuel Coppey. Entretien.

Le double concerto de Brahms avec votre fils Emmanuel, une première ?

Nous avons souvent joué cette œuvre dans l’intimité familiale, nous la travaillons depuis de nombreuses années, mais c’est bien la première fois que nous la donnerons en concert. C’est une grande joie, un moment très précieux. Nous aimons nous retrouver, en duo, en trio, ou dans d’autres formations de musique de chambre, même si chacun a ses partenaires.

En quoi est-ce un défi de jouer cette pièce sans chef d’orchestre ?

Je n’ai jamais vu faire cela ! Au-delà du défi musical, c’est une gageure pratique : même si le violoncelle est tourné vers le public, et se retrouve ainsi dos à l’orchestre, les gestes doivent rester perceptibles, notamment de la petite harmonie et des cuivres, pour qu’ils aient confiance et osent jouer en l’absence d’une battue régulière. Cela requiert une connaissance approfondie de l’œuvre de la part de chaque instrumentiste.
Il y a en cela une vertu, pour interpréter cette œuvre toute en dialogue et intimité : cela met de la musique de chambre dans l’orchestre. Brahms cultive beaucoup ce paradoxe, qui consiste à glisser de l’esprit chambriste dans la musique orchestrale et inversement.

Vous dirigez la 4ème symphonie : a-t-elle une résonance particulière pour vous ?

Tout Brahms a une résonance particulière… C’est après avoir écouté son sextuor n°1, lors du premier concert de ma vie auquel j’ai assisté, à 4 ans, que j’ai exprimé le désir de faire du violoncelle. Depuis, ma passion pour ce compositeur et son monde n’a jamais connu d’éclipse.
Brahms était d’une exigence telle qu’il a détruit beaucoup de sa musique. Chacune des œuvres qui nous sont parvenues est un accomplissement absolu – en particulier ses symphonies. Il a attendu d’avoir 40 ans pour publier sa première, où plane l’ombre de Beethoven. Il n’en écrit « que » quatre, échappant au chiffre fatidique des 9 qui incombe à Beethoven, Bruckner, Mahler, Schubert, Dvořák… Avec la quatrième, il met un point final à son écriture symphonique ; c’est une œuvre riche, merveilleusement écrite, qui alterne les moments d’une grande profondeur lyrique, voire tragique, et les mouvements plus joyeux. La passacaille du final marque l’histoire de la musique.

Quel est votre rapport à la direction ?

J’ai été amené à diriger pour la première fois à la demande d’anciens étudiants qui avaient formé un orchestre. Puis j’ai approfondi cette expérience avec les Solistes de Zagreb, un ensemble à cordes dont j’ai été directeur musical.
L’envie de diriger est très ancienne, mais le violoncelle a pris le pas dans ma jeunesse ; elle se concrétise plus tardivement (même si cela fait une dizaine d’années que je prends la baguette). C’est un nouveau défi, une ouverture à d’autres répertoires, et un bonheur de partager ainsi la musique avec d’autres musiciens. Comme vous, les Ondes plurielles, un orchestre extraordinaire avec beaucoup de talents, de réactivité, et d’enthousiasme.