Une rencontre avec Victor

Victor JULIEN-LAFERRIERE, chef d'orchestre

Les Ondes plurielles ont eu la chance de jouer la Musique pour cordes, percussion et Celesta de Bartók sous la direction du violoncelliste et jeune chef d’orchestre.

Victor Julien-Laferrière

Tu as dirigé les Ondes plurielles pour Musique pour cordes, percussion et Célesta, de Bartók. Quelle image gardes-tu de cette expérience ?

J’ai eu le sentiment que nous partagions tous un même état d’esprit, un désir de jouer cette œuvre, de s’y frotter, avec une pureté d’intention qui m’a semblé assez unique.

En tant que chef, l’essentiel du travail a consisté à assimiler cette œuvre : qu’elle entre dans le corps, que l’oreille puisse écouter toujours plus de voix. Aussi j’ai passé des heures avec la partition, il n’y a pas de secret !  Ce n’est qu’à une certaine étape du cheminement dans l’œuvre, que j’ai écouté des extraits d’enregistrements, essentiellement pour répondre à des questions que je me posais (par exemple, le placement de l’orchestre).

En juin, tu devais nous diriger dans la 2e symphonie de Brahms et le concerto pour violon de Schumann (avec Pierre Fouchenneret), au profit de la banda de musica, une association française qui aide au Mexique les enfants à travers la musique…

Je souhaitais aider d’une manière ou d’une autre La Banda de musica, que j’ai rencontrée grâce à mon frère corniste, déjà parti deux fois faire travailler les enfants de Oaxaca (sud du Mexique). Lorsque j’ai rencontré les Ondes, j’ai pensé que votre enthousiasme irait très bien avec ce projet !

Dans le cadre d’un concert caritatif, nous voulions proposer quelque chose de différent de Bartók. Une œuvre généreuse, avec un grand orchestre. Et quoi de plus généreux qu’une symphonie de Brahms, notamment la 2e, celle qu’on dit « pastorale » !

On te connait surtout comme violoncelliste, maintenant comme chef. Comment envisages-tu l’avenir ?

Je suis dans un moment où je me frotte à la direction avec un enthousiasme et un plaisir très sincères (et beaucoup de sérieux !)

La direction a toujours été très présente. Pas seulement dans un coin de ma tête : j’ai plutôt eu envie d’être chef avant d’être violoncelliste. Aujourd’hui, je dirige souvent, du violoncelle, certaines œuvres comme les concertos de Haydn ou de Schumann.

Mais je ne peux pas encore dire ce que cette expérience deviendra pour moi, il est trop tôt pour en tirer des conclusions.

Comment as-tu vécu le confinement ? et le déconfinement ?

Je n’avais jamais eu autant de temps. C’était donc l’occasion de tout reprendre à zéro, avec précision. Ce qui ne va pas sans une certaine pression, d’autant que j’ai plutôt l’habitude d’être efficace lorsque les objectifs sont proches. Mais ce travail sera sûrement essentiel à l’avenir.

Depuis le déconfinement, j’ai repris des concerts, mais sans le public. C’est autre chose, car en concert, le public fait aussi un effort, comme les musiciens, pour entrer dans l’œuvre. Sans lui, seul avec les micros, on se concentre davantage sur une exigence de perfection, plus que d’émotion, alors que ce ne devrait être qu’une dimension parmi d’autres.