Rencontre avec Simon
Simon PROUST, chef d'orchestre
Les Ondes plurielles ont eu la chance de jouer La Jeune Fille et la Mort de Schubert, ainsi que Les Planètes de Holst, sous sa direction.
Que représentent les Planètes pour toi ?
C’est une découverte. J’en connaissais des extraits, que je n’aimais guère, j’avais des a priori… Puis j’ai ouvert la partition : c’est une merveille d’orchestration et de couleurs, une leçon d’instrumentation, du début à la fin !
C’est écrit pour un orchestre gigantesque, mais à part certains passages de Jupiter ou de Mars (très connus, même si ce ne sont peut-être pas les plus intéressants) où la masse explose, c’est de la dentelle. Chaque instrument est utilisé comme soliste, les cordes sont divisées, une vraie finesse se dégage du conducteur.
C’est une œuvre de divertissement, d’amusement, émaillée de nombreux symboles à rechercher, comme dans un jeu de piste.
L’auditeur peut parfois se croire dans un film…
De nombreux compositeurs (John Williams, Hans Zimmer…) ont puisé leur inspiration chez Holst. Mais l’erreur serait de vouloir faire de la musique de film avec cette partition. Il faut faire un effort pour s’extraire des références qu’on a tous, et retrouver une forme de simplicité et de fidélité au texte.
À l’époque, aucun univers n’était montré au cinéma. Comme Leonard Bernstein l’explique, Hoslt n’avait pas une approche scientifique des planètes. Il avait une vision astrologique, et non astronomique. Cela explique pourquoi il n’y en a que sept, dans un ordre distinct de l’ordre consacré, et qu’il manque la terre (centre de tout en astrologie, donc non représentée). Cela explique aussi pourquoi il y a tant de symboles. C’est un défi que de comprendre pourquoi Mercure est un scherzo insaisissable, pourquoi Saturne est un mouvement lent, pourquoi Uranus évoque l’apprenti sorcier…
Quelle est ta planète préférée ?
Toutes ont une spécificité. Je m’amuse comme un fou avec Uranus, j’aime beaucoup Mercure. La plus compliquée me semble Saturne, qui tourne sans fin.
Quels sont tes projets, tes rêves ?
Je vais bientôt retrouver avec grand plaisir la musique russe (Rachmaninov, Tchaïkovski), par laquelle j’ai commencé ma carrière de chef. Et je rêve de diriger la Cinquième symphonie de Mendelssohn (encore des symboles ! ) et la Septième de Sibélius, et de monter Mass de Leonard Bernstein !