Entretien avec Samuel Hilary
Pianiste

Stravinsky a glissé une partie de piano dans les plumes de l’Oiseau de feu. Pour l’interpréter, les Ondes ont le plaisir de retrouver Samuel Hilary, professeur de piano à Avignon et dans la Drôme, qui a déjà participé avec notre orchestre à plusieurs opéras et un concert consacré à Béla Bartók en 2020.
Quel est le rôle du piano dans un orchestre ?
Quand on pense à la collaboration entre un piano et un orchestre, c’est la musique concertante qui vient à l’esprit en premier. Mais il existe depuis le 19e siècle (à partir de Berlioz) une autre utilisation non soliste du piano au sein de l’orchestre.
Les frontières sont floues bien sûr, car le piano reste un instrument très individualisé, de par son caractère polyphonique qui couvre toute l’étendue de l’orchestre en termes de registre. Il est donc propice au solo. Et Stravinsky lui confie un rôle de premier plan dans Petrouchka par exemple.
Mais dans l’Oiseau de feu, Stravinsky joue plutôt du potentiel dynamique et rythmique du piano, en tant qu’instrument à percussion. Il alimente les crescendos, renforce le son, tisse des arpèges, apporte son timbre particulier. On retrouve une utilisation semblable dans Musique pour Cordes, percussion et célesta de Bartók que nous avions jouée avec les Ondes.
Tu as une pratique plutôt chambriste. Comment se glisse-t-on dans le costume de pianiste d’orchestre ?
Les programmes symphoniques avec piano sont rares, il est donc excitant de participer à ces projets très différents de ma pratique artistique habituelle. Ne serait-ce parce qu’il faut se mettre au service de l’interprétation du chef. Soliste ou chambriste, le pianiste est le plus souvent responsable de son interprétation !
Il est aussi habitué à s’écouter soi-même ; au sein d’un orchestre, il doit suivre une direction, tandis que le son de l’instrument est absorbé dans un collectif plus massif.
Quel est ton lien aux Ondes ?
Au fil des collaborations, je me sens davantage musicien d’orchestre ! Sur le plan du travail musical, je ne fais pas de distinction par rapport à d’autres projets « professionnels », et l’orchestre est même un vivier de partenaires chambristes. Mais j’en perçois une en matière de passion et d’investissement, et je m’enrichis de l’enthousiasme des amateurs et de leur envie de jouer !