Rencontre avec Olivier

Olivier RABET, compositeur de TangoS (œuvre créée par Ondes plurielles le 12 juin 2021)

Olivier RABET

Pourquoi TangoS ?

TangoS, c’est une idée du tango, mon interprétation de cette musique. Je l’ai écrit à partir du poème de la chanson Silbando, un grand classique du genre, sensuel, charnel, pulsionnel, qui raconte l’histoire d’un adultère tragique dans les bas quartiers de Buenos Aires.

J’explore dans cette pièce différentes formes de tangos. On entend par exemple les échos de la milonga que décrit le poème. Le S de tangos dit cette pluralité des danses qui s’enchevêtrent (en même temps qu’il est un clin d’œil à ma fille S. qui m’a inspiré le motif principal en tapant 4 notes sur un piano).

Écrire un tango pour un orchestre classique, sans accordéon ni bandonéon, est-ce possible ?

C’est une gageure d’autant que j’ai écrit cette pièce en référence aux tangos classiques des années 1950-1960, joués pour être dansés (Recuerdo, de Horacio Salgan, et la Yumba, d’Osvaldo Pugliese, voir la Playlist ci-dessous), et non en référence à Astor Piazzola, qui représente déjà une évolution du genre, tissée d’influences européennes. Or un orchestre classique ne danse pas, d’autant que la masse favorise l’inertie.

Je ne cherche pas à avoir le rendu d’un Orquesta típica. TangoS ne fait pas plus tanguer (trop de changements de mesures !) que la Valse de Ravel ne fait valser.

En revanche, j’ai essayé d’évoquer la couleur tango et le bandonéon en écrivant … des choses un peu fausses : des instruments jouent la même chose, mais pas dans le même mode (fa sol la si / fa sol lab si). Et j’ai surtout tenté de me rapprocher de l’énergie des tangos de l’âge d’or, qui apparaissent dans la pièce, et dont j’ai repris la structure rythmique. Car l’essence du tango, c’est le rythme !

Ondes plurielles a déjà joué l’une de tes précédentes compositions, Serre-nade en 2017. Quelle relation as-tu avec cet orchestre ? 

C’est un orchestre composé de musiciens que je connais et apprécie de longue date, dont je sais l’engagement et le plaisir de relever des défis artistiques.

Si j’oublie le destinataire d’une commande quand j’écris pour orchestre, j’attache une grande importance à ce que les musiciens se fassent plaisir et comprennent la pièce. Et je suis toujours très heureux d’échanger de vive voix avec eux !

Avant de venir découvrir l’œuvre, voici quelques tangos pour vous plonger dans l’ambiance

Recuerdo, Horacio Salgan

La yumba, Osvaldo pugliese

Milonga mis amores, Pedro Laurenz

Victoria, Olivier Rabet