Une rencontre avec Aurélien

Aurélien AZAN-ZIELINSKI, chef d'orchestre

Entretien sur le choix d’un programme chorégraphique

Les Ondes plurielles avaient très envie de jouer la Valse de Ravel sous ta direction ; tu as suggéré de l’accompagner de la Suite de Danses de Bartók et du Beau Danube Bleu de Johann Strauss. Pourquoi ?
Ce programme sur le thème de la Danse donne une idée du XXème siècle en musique. La Valse de Strauss a un aspect académique : il s’agit de prendre la musique populaire et de la donner à écouter à la bourgeoisie. Puis Ravel vient titiller cette référence pour évoquer la décadence de l’empire austro-hongrois et plus largement de la bourgeoisie européenne de l’entre-deux-guerres. Ravel pousse les cadres de la valse, pour en faire une musique extravagante et moderne. Enfin, Bartók a à cœur de faire entendre la musique populaire et de lui donner une place qui est aussi la sienne : dans une salle de concert.

C’est un programme finalement assez politique, avec des œuvres que j’adore … et avec lesquelles j’entretiens un lien personnel, puisque j’ai passé mon prix de direction d’orchestre avec la Suite de Danses de Bartók !

Jouer ces pièces avec un orchestre amateur, un défi ?

Avec ce programme très exigeant, on est aux limites des capacités des orchestres en général, et a fortiori, d’un orchestre amateur, c’est un vrai challenge. Mais avec les amateur·trice·s, on a du temps. Certes, on part de plus loin, mais on peut faire un vrai travail de détail !

Beaucoup de membres d’Ondes plurielles ont déjà travaillé avec toi au COGE*. Qu’est-ce que cela te fait de les retrouver aujourd’hui ? 

Au-delà du plaisir de rejouer avec des personnes avec qui on a eu des aventures musicales et amicales, on gagne du temps car la confiance est là, les musicien·ne·s me connaissent.

Quel regard poses-tu en tant qu’artiste sur la période que nous traversons ?

[N.B. entretien réalisé début septembre 2020]

Je suis frappé de voir que la culture est l’une des premières choses qu’on arrête, et l’une des dernières qu’on fait repartir. C’est un problème, car l’art permet à l’être humain de s’émanciper…

La musique doit continuer. J’ai pu donner des concerts à la fin de l’été : le public était ravi de venir et de rencontrer des artistes vivant·e·s. Il n’y a aucune crainte à avoir sur le retour des spectateur·trice·s et auditeur·trice·s dans les salles. Sauf celle de ne pas pouvoir accueillir tout le monde !
* C.O.G.E. : Chœur et Orchestre des Grandes Écoles ; Aurélien Azan-Zielinski a été le directeur musical de la Philarmonie du COGE entre 2008 et 2014