Entretien avec Andrei Feher

Chef d'orchestre

Andrei Feher

En mars dernier, les Ondes avaient interprété le concerto pour violon de Brahms et la 11è symphonie de Chostakovitch sous la direction d’Andrei Feher. Pour cette rentrée, ils retrouvent le talentueux chef roumano-canadien avec un programme qui illustre leur passion pour l’exploration de styles musicaux contrastés.

Pourquoi avoir voulu donner la 7è symphonie d’Anton Bruckner ?

Je l’ai jouée en tant que violoniste en 2009, et j’ai été saisi par cette plongée dans le son. Mais je n’avais jusqu’à présent jamais dirigé une page de ce compositeur que, pourtant, j’adore (avec Chostakovitch, Prokofiev…). Avec la 4è, la 7è est l’une de ses symphonies les plus interprétées.
C’est une cathédrale. Le défi consiste à respecter la construction de l’œuvre : les deux premiers mouvements durent chacun une vingtaine de minutes, il faut maintenir la tension, aller vers le haut jusqu’à la dernière page et ne pas tout donner tout de suite. L’énergie doit être dosée, surtout en concert !
Le travail sur le son est important : il doit être rond, jamais agressif, comme celui d’un orgue (l’instrument de Bruckner !) dans une cathédrale. On doit apprivoiser cette sensation de tournoiement !

En ouverture du concert, tu as proposé le Prélude à l’Après-midi d’un faune de Claude Debussy.

Comme lors de notre dernier concert, j’aime réunir des œuvres de styles très différents. Tout oppose ces deux pièces, sauf la tonalité. Et commencer la symphonie de Bruckner après l’Après-midi, qui est dans les nuages, pourrait lui donner une autre lumière. Ces pages ont été écrites à 10 ans d’intervalle (la symphonie, entre 1881 et 1883, le Faune, entre 1892 et 1894) : les juxtaposer en un même concert confère une perspective différente sur cette période de l’histoire de la musique.

Quel est ton lien avec les Ondes ?

Je connais les musiciens depuis longtemps. Je voulais revenir car l’envie qu’ils ont de faire de la musique, avec un haut niveau d’exigence, donne une couleur et un sens particuliers à notre engagement collectif.
Je n’oublierai jamais ce moment où la cloche de l’église Saint-Marcel a retenti en écho aux cloches du final de la 11è symphonie de Chostakovitch. Sur le coup, je n’ai pas compris. Je me demandais si le son provenait des cloches de l’orchestre. Le public restait silencieux. Non, ça venait d’en haut !