COULEURS CUIVRES XXI - Programme du concert

Henri TOMASI, Fanfares liturgiques (1947)

  1. Annonciation
  2. Evangile
  3. Apocalypse (scherzo)
  4. Procession nocturne (procession du Vendredi-Saint)

Les quatre fanfares sont issues du matériau du drame lyrique Don Juan de Mañara, composé par Henri Tomasi entre 1941 à 1944. Conçues comme des œuvres concertantes, à la virtuosité redoutable, elles suivent le propos mystique de l’opéra, écrit dans une période de profonde crise personnelle où dans un contexte de guerre, Tomasi, bien que marié et bientôt père, était traversé par le désir d’entrer dans les ordres.

Les quatre mouvements se répondent, formant une véritable symphonie. Le premier est une explosion de vie, suivie d’un passage plus méditatif revenant à la brillante fanfare initiale. Le second, un ample récitatif de trombone, y déploie une riche palette sonore, tirant parti de tous les modes de jeu des percussions et des cuivres. Vient ensuite un “scherzo fantastique” évoquant l’Apocalypse et le galop effrayant de ses chevaux, auquel une écriture en pleine Seconde Guerre mondiale n’est sans doute pas étrangère, tandis que la fanfare finale accompagne dans l’opéra la procession du Vendredi saint. Ce mouvement, le plus long, progresse avec obsession vers l’apothéose et la Résurrection, pour s’achever sur le Dio vi salvi, Regina, célèbre chant corse, île d’origine du Marseillais Tomasi.

Olivier Calmel, Radiance, concerto pour euphonium solo et orchestre, commande du Paris Brass Band

La riche sonorité de l’euphonium allie la virtuosité, la force et la brillance à la délicatesse caractéristique des cuivres doux. Tour à tour véloce, d’un phrasé précis et d’une ferveur sans faille, cet instrument étonnant, que l’on pourrait qualifier de “violoncelle des cuivres”, possède un lyrisme proche de la voix humaine. La luminance énergétique ou Radiance donne son titre à ce concerto et évoque la puissance du rayonnement passant ou étant émis en un point d’une surface. Conçue en trois mouvements, cette œuvre met en lumière les aspects virtuoses, larges et cuivrés de cet instrument lumineux.

I – Energy

Après une brève présentation “Spirito” de la thématique principale, ce mouvement se développe dans le contexte d’un “Presto” endiablé qui propose de mettre en valeur les capacités virtuoses de l’euphonium, avec une prépondérance des phrasés incisifs et staccato. Les différents développements du thème font contraster les dialogues entre le soliste et l’orchestre dans un continuum rythmique constant, soutenu et “Energy”-que.

II – Prysm

Le mouvement lent présente tout d’abord un leitmotiv caractéristique du langage du compositeur et qui se développe comme une signature personnelle. Dès lors, la mélodie principale de cette œuvre, présentée dès le début du premier mouvement, se déploie dans un style ornemental d’un grand lyrisme, permettant à l’instrument soliste de déployer toutes les capacités d’un legato pleinement assumé.

III – Light

Le final enfin, met en valeur une thématique résolument dansante dans une forme globale de type rondo fondée sur l’alternance d’un refrain et de développements divers. L’ensemble des développements tend vers des formules confiées le plus souvent aux tutti, et affirme une prépondérance du rythme, de la clarté et de la danse. Ce dernier mouvement fait culminer Radiance dans une apothéose énergique, puissante et inexorablement lumineuse.

Olivier Calmel, Depuis l’Aube…, commande de l’orchestre d’harmonie de la région Centre, création symphonique

Quoi de plus évident qu’une suite de danses pour régénérer l’envie de rencontrer, de voyager, de se dépasser et de partager à nouveau notre passion commune : la musique ?

L’idée de l’argument est apparue rapidement en évoquant la notion de rapport au temps que la crise actuelle nous fait nécessairement redécouvrir. Le compositeur a donc imaginé une suite de tableaux proposant le déroulement d’une journée. Depuis l’Aube… propose un voyage de l’allégresse des premières lueurs du matin à la frénésie du crépuscule, et déploie une musique qui met en relief la vitalité rythmique de ces danses.

A l’instar des Four Times of the Day de William Hogarth, “Morning”, “Noon”, “Evening” et “Night”, Olivier Calmel ne décrit pas ici l’histoire du parcours d’un seul individu, mais propose au contraire une vision de la vie de la cité.

Depuis l’Aube… fait alterner successivement quatre danses.

I – Allégresse de l’Aube, Andante, puis Vivace avec fougue. Le jour naissant est tout d’abord évoqué dans un andante qui se prolonge rapidement par un vivace avec fougue, dont le thème basé sur une forlane (ancienne danse italienne à deux temps, vive et animée) semble résolument espiègle.

II – Sérénité du Midi, Vraiment lent et avec passion. La sérénité du moment de partage, celui de la mi-journée, est proposée sous la forme d’une habanera lente et passionnée.

III – Passion du Soir, Presto très énergique. Le soir est un moment de passion énergique, un nuevo tango furioso.

IV – Ferveur de la Nuit, Allegro con fuoco. Pour finir, la ferveur nocturne est présentée avec une transe basée sur le tâla Rupak issu des traditions de la musique hindoustani, et dont la flamme exulte jusqu’au bout de la nuit.

Le développement de la pièce d’Olivier Calmel propose une lecture allégorique des cycles de la vie, et nous invite ainsi à questionner notre rapport au temps et notre insatiable besoin de partage.

Olivier Calmel, Re-Joy, “A thing of beauty is a joy forever” (John Keats), commande de l’orchestre Ondes Plurielles

Re-Joy est un double concerto pour trompette, euphonium et orchestre. Cette œuvre s’inspire du travail du poète John Keats (1795-1821), en particulier de son « Ode on a Grecian Urn » (1819).

“Beauty is truth, truth beauty, — that is all ye know on earth and all ye need to know”

John Keats termine par ces mots son célèbre poème “Ode on a Grecian Urn”, inclus dans le cycle des Grandes Odes de 1819 et considéré comme l’un des plus grands poèmes de langue anglaise. L’amour de Keats pour l’art classique et son imagination spectaculaire ont rendu possible la création de ce magnifique travail poétique. Il questionne la possibilité de l’urne grecque en tant que construction artistique humaine, c’est-à-dire capable de se rapporter à l’idée de vérité. Les images de l’urne décrites dans le poème sont conçues comme des représentations évidentes d’activités créatrices : tentative de parade nuptiale, création musicale, rite religieux. Ces dernières lignes encouragent de fait le lecteur à interagir avec le poème de manière interrogative comme le narrateur, et incitent également le narrateur à poser des questions ; le silence de l’urne renforce la capacité de l’imaginaire à cheminer. C’est par ce silence qu’est rendu possible la beauté véritable, et c’est précisément ce qui m’a inspiré pour cette œuvre.

D’un seul tenant, Re-Joy est conçu comme le reflet musical de la tirade finale de l’ode et basé sur un thème de forme choral volontiers “recueilli et calme”, représentant l’appel de la vérité et de la beauté, dont le premier exposé se présente comme un lointain écho de lui-même. Dès lors s’ensuit un “vivace” volontairement endiablé qui expose un thème complémentaire représentant le mouvement, l’acte d’aller de l’avant et de cheminer dans l’allégresse. Ce mouvement rapide, dont la vitalité rythmique est essentielle, n’aura de cesse de se développer avec joie et légèreté, de déployer toutes les ailes de son désir naissant, jusqu’à finalement fusionner et ne faire plus qu’un avec l’appel qui l’avait initialement engendré.


Célestin GUÉRIN, trompette

Célestin Guérin débute l’apprentissage de la trompette à l’âge de cinq ans. Il est l’élève d’Ibrahim Maalouf, puis de Gérard Boulanger, trompettiste du Philharmonique de Radio France, avant d’entrer au Conservatoire de Paris – CNSMDP dans la classe de Clément Garrec et Pierre Gillet, tous deux trompettistes à l’Opéra national de Paris.

Auprès de ses deux professeurs, il se spécialise dans le répertoire d’orchestre, lui donnant ainsi l’occasion de se produire avec des orchestres tels que celui de l’Opéra national de Paris, l’Orchestre de Paris, le Philharmonique de Radio France et l’Orchestre de Chambre de Paris.

Au cours de sa scolarité, dans le cadre des échanges ERASMUS, il intègre la classe de Reinhold Friedrich en Allemagne, pour se perfectionner dans le répertoire concertant. En 2016, il obtient son Master avec mention très bien à l’unanimité, et devient membre de l’Orchestre du Festival de Verbier, sous la direction de Valery Gergiev.

En automne 2017, il est lauréat de la première édition du Concours international Eric Aubier à Rouen. Quelques semaines plus tard, il est nommé trompette solo de l’Orchestre national de Metz, dirigé par David Reiland. L’année d’après, il remporte un second prix ainsi que le prix BR-Klassik Online au prestigieux concours de l’ARD de Munich. Il est aujourd’hui première trompette solo de l’orchestre de Paris.

Corentin MORVAN, euphonium / saxhorn

Corentin Morvan

Après avoir commencé la pratique de l’euphonium et du saxhorn au conservatoire de Nantes, Corentin Morvan se perfectionne au CNSM de Paris où il obtient en 2014 un master d’interprète, ainsi qu’un master de musique de chambre avec le quatuor Opus 333. Il mène ensuite une recherche sur l’interprétation et le répertoire du saxhorn, et obtient en 2016 un diplôme supérieur de DAI. Parallèlement à ses études, il se distingue lors de concours nationaux et internationaux, et remporte en 2011, le premier prix du concours international de Tours et en 2018, le premier prix du concours international de Jeju (Corée du Sud). Il est régulièrement amené à se produire en soliste, ainsi qu’en formation de chambre, aussi bien en France qu’à l’étranger (Italie, Espagne, Allemagne, Suisse, Etats-Unis, Corée, Chine, Japon). En 2019, il intègre le pupitre de saxhorns du prestigieux orchestre d’harmonie de la garde républicaine. Passionné par l’histoire de son instrument, Corentin se spécialise également dans les pratiques des instruments historiques, tels que l’ophicléide, le tuba français ou le tuba viennois.

Il se produit également avec différentes formations de musique contemporaine (ensemble Offrandes, ensemble L’Itinéraire, collectif Warning…) et collabore avec de nombreux compositeurs (A. Markeas, A. Dumont, B. Athair, C. Barthelemy, P. Jansen…).

Titulaire du Certificat d’Aptitude depuis 2018, Corentin est très investi dans la transmission et dans la pédagogie de ses instruments. Il est actuellement professeur au conservatoire du XXème arrondissement de Paris et donne régulièrement des master-classes en France et à l’étranger.

Corentin Morvan est artiste Willson et joue les saxhorns « Willsax » et les euphoniums 2960TA-UK « Celebration ».

Laurent DOUVRE, direction

Laurent Douvre débute la musique par le chant choral et la percussion au Conservatoire de Mâcon, ville dont il est originaire. Il poursuit sa formation par l’étude de la trompette, l’analyse et l’écriture au Conservatoire de Chalon sur Saône dont il sort plusieurs fois diplômé. Après un baccalauréat littéraire spécialité musique, il se dirige vers des études supérieures à l’Université Lyon II.

Passionné par la direction d’orchestre, il fonde en 2012 l’Ensemble de Cuivres Rhône-Alpes, avec lequel il remporte un premier Prix au concours national de Cournon d’Auvergne.

C’est en 2011 qu’il rejoint la Musique de la Garde Républicaine et son arrivée à Paris va lui permettre d’intensifier ses activités à la direction d’orchestre.

Depuis novembre 2013, il dirige l’Orchestre d’Harmonie Brassage et poursuit la présentation d’un répertoire riche, et l’accession en 2017 en catégorie Honneur de la Confédération Musicale de France. C’est en juin 2019 que l’orchestre obtient le meilleur palmarès de l’année dans la plus haute division parmi les harmonies françaises.

De 2016 à 2020, il a dirigé le Brassage Brass Band et a participé à l’essor de cet orchestre reconnu comme une des cinq meilleures formations en France.

Nommé Tambour-Major de la Musique des gardiens de la paix en décembre 2018, Laurent développe auprès de tous ces ensembles une politique d’enregistrements discographiques et cinématographiques, participe à de nombreux concerts, festivals et concours, régulièrement couronnés de succès.

Développant son goût de la transmission, il est par ailleurs responsable des orchestres au conservatoire de Bagneux.

Nommé en septembre 2020 à la direction artistique du Paris Brass Band, Laurent Douvre occupe depuis début 2021 les fonctions de Chef du Brass Band de la Musique de l’Air.